L’environnement social

Rapport aux autres et rapport à soi :

comment les personnes aînées perçoivent-elles leurs incapacités et les situations qui en découlent?

Le rapport aux incapacités et aux aides techniques

Accepter les incapacités vécues et le besoin d’aides techniques n’est pas toujours facile. Le processus d’adaptation diffère d’une personne à l’autre. Lorsque les incapacités apparaissent au cours de la vie, les personnes doivent faire le deuil de capacités auparavant présentes, ce qui peut être associé à un fort sentiment d’injustice.


Les personnes ne sont pas toujours à l’aise de dire aux autres qu’elles ont des incapacités, surtout lorsqu’il s’agit d’incapacités invisibles, qui sont plus faciles à dissimuler. Même le choix du type d’aide technique peut être motivé par leur niveau de discrétion.


Pour faciliter les contacts et briser la glace, les personnes aînées ayant des incapacités utilisent différentes stratégies sociales. Certaines utilisent l’humour dans leurs interactions, ou pour personnaliser leurs aides techniques.


Ces personnes souhaitent majoritairement éviter de se victimiser ou de donner l’impression de se plaindre. Elles nous rappellent qu’elles sont des personnes à part entière qui ont des stratégies pour se débrouiller malgré tout. Toutefois, certaines personnes ont plus de difficulté à nommer leurs besoins : il y a une peur de déranger et un désir d’être positif et de se montrer sous son meilleur jour.

L’accompagnement par des proches ou toute autre personne désignée

Il n’est pas toujours facile pour les personnes aînées présentant des inacapacités d’accepter de demander de l’aide aux autres. On peut avoir peur de déranger, se sentir en position de vulnérabilité, et avoir le sentiment d’être moins « autonome ».


Il est difficile de se sentir à sa place quand les lieux ne sont pas adaptés; c’est comme si leur présence n’était pas souhaitée, alors qu’elles ont aussi le désir de faire des sorties et des activités.


Le poids de l’inclusion repose bien souvent sur les épaules de ces personnes. Elles doivent se faire entendre, justifier leurs besoins, défendre leurs droits et même maintenir leurs acquis. À la longue, cette quête d’accessibilité peut créer de la fatigue, de la lourdeur et de la déception si des solutions ne sont pas apportées.

Interactions sociales :

qu’est-ce qui aide les personnes aînées ayant des incapacités lors de leurs sorties? À l’inverse, qu’est-ce qui leur nuit?

L’accompagnement par des proches ou toute autre personne désignée

La proximité géographique de la famille et des amis facilite le soutien qui peut être offert aux personnes ayant des incapacités. Celles-ci sont alors plus à l’aise de demander de l’aide. Dans d’autres contextes, le soutien du voisinage est accueilli positivement.


Pour certaines personnes ayant des incapacités, l’accompagnement peut être nécessaire pour assurer le déplacement et la participation à des activités; par des proches (famille, amis) ou des membres de la communauté (bénévoles, accompagnateur).


Plusieurs mentionnent l’importance du réseau social et du maintien d’une vie sociale, non seulement pour le soutien pouvant leur être offert, mais aussi pour les bienfaits des contacts sociaux et le sentiment d’inclusion.

L’aide reçue dans la communauté : attitudes et comportements

Pour les personnes aînées ayant des incapacités, avoir une attitude accueillante, « prendre le temps », être à l’écoute, respecter les capacités et s’adapter selon les besoins sont des facteurs importants dans le soutien et l’aide reçus. À l’inverse, trop vouloir en faire, ne pas demander à la personne ayant des incapacités de quelle manière elle souhaite être aidée et imposer l’aide sans tenir compte des besoins de la personne nuisent à la qualité du soutien et de l’aide reçus tout comme au sentiment de sécurité.


Dans les lieux très occupés ou restreints, à l’intérieur comme à l’extérieur, les personnes aînées ayant des incapacités sont confrontées à l’impatience des passants, ce qui peut aggraver leur peur de déranger et entraîner potentiellement une diminution de leurs sorties.


L’indiscrétion des passants sur les problèmes de santé et les incapacités que vivent les personnes aînées peuvent aussi les mettre mal à l’aise et nuire au sentiment d’inclusion.

Le personnel, rémunéré et bénévole, dans les lieux de participation sociale

L’ouverture du personnel aux demandes d’adaptation et d’accommodement est vécue comme un soulagement par les personnes ayant des incapacités. La mise en place de mesures inclusives a un impact décisif sur leur participation sociale.


Dans les commerces comme dans les milieux associatifs et communautaires, la présence de personnel capable d’apporter de l’aide est cruciale pour les personnes aînées ayant des incapacités. Cette aide peut faire une différence entre maintenir ses activités et y renoncer en raison des difficultés posées par le manque d’accessibilité.


Lors d’activités en groupe, il est très aidant que les consignes soient transmises et adaptées selon les incapacités des personnes, par exemple, en expliquant de manière détaillée certains éléments pour les personnes avec des incapacités visuelles.

Croyances et préjugés :

quels sont les aprioris qui influencent nos attitudes à l’égard des personnes aînées ayant des incapacités?

Le vieillissement

La valorisation de la jeunesse et de la santé invisibilise les personnes aînées, surtout celles vivant avec des incapacités, ce qui entraîne de l’âgisme au quotidien. L’âgisme correspond à des attitudes négatives et à des stéréotypes basés sur le seul critère de l’âge.

Les problèmes de santé et les incapacités

Malgré les taux d’incapacités qui augmentent avec l’âge, la tendance à individualiser les causes des problèmes de santé et des incapacités demeure présente. Par le fait même, on individualise aussi l’inclusion; c’est ce qu’on peut appeler le « fardeau de la preuve ». Dans la société, on s’attend à ce que les personnes soient responsables et qu’elles puissent nommer leurs besoins et chercher des manières d’y répondre. Après plusieurs années à défendre leurs droits et à demander des accommodements leur permettant de jouer leurs rôles sociaux, les personnes aînées ayant des incapacités peuvent se sentir fatiguées et découragées.


Comme certains types d’incapacités sont visibles (par exemple, une incapacité motrice nécessitant une aide technique) et que d’autres sont invisibles (par exemple, une incapacité auditive), les personnes aînées ayant des incapacités ne reçoivent pas toutes le même traitement.


La gravité de l’incapacité ayant un impact sur le degré de limitation dans une activité, certaines personnes se sentent catégorisées selon le niveau de gravité de leur incapacité, ce qui nuit au développement de leurs sentiments d’appartenance et d’inclusion.

Les aides techniques utilisées pour pallier les incapacités


Il existe des préjugés selon le type d’aide à la mobilité utilisé, ce qui peut avoir un impact sur les attitudes des personnes et nuire au soutien offert. Le niveau de connaissance sur les aides techniques et sur les façons d’aider une personne qui les utilise est souvent insuffisant.

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